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Ce projet de Centre d’hébergement d’urgence vise à proposer une solution de logement transitoire pour 50 personnes isolées, désocialisées par des années de vie dans la rue, souffrant parfois de conduites addictives.

Face à cet enjeu, nous avons construit notre proposition autour de la notion d’abri : l’abri comme une nécessité vitale pour se protéger, l’abri comme espace nécessaire au développement de nouvelles pratiques, de nouvelles conduites, l’abri comme le temps d’une pause, d’une reconstruction. La mise à l’abri, l’accueil – deux notions au centre de ce projet – nécessitent de penser une architecture généreuse et chaleureuse, de s’attarder sur la qualité des espaces proposés dans leurs dimensions, leurs qualités sensitives, leurs matériaux. Si le programme requiert une certaine tenue dans les logements proposés, notre proposition cherche à offrir de l’espace en plus, en prolongement du studio afin d’assurer cette générosité nécessaire à l’accueil et à la reconstruction.

Reprenantla figure du «porche», le projet propose à chacun un espace de galerie couverte (en RDC et R+1) en plus du logement. Ce porche est vu comme un espace extérieur pour rentrer chez soi, à la fois prolongement extérieur de l’espace intérieur (dilatation et débordement de l’espace de vie) et aussi le lieu de l’échange, du café glané, accoudé au garde corps, entre deux activités. Il devient alors un espace partagé informel, qui met à distance autant qu’il invite à rentrer ; c’est un seuil. Libre alors à chacun de s’approprier à sa manière cet espace et ainsi se sentir chez soi.

Pour asseoir cette « mise à l’abri », nous augmentons également la surface de préau du programme. Nous mettons en place cet espace couvert traversant le projet, de l’entrée rue le la Mitrie, à l’avenue Willy Pelletier. Cet édifice, véritable identié du projet, lie les programmes et permet, en les protégeant, une utilisation maximale d’espaces extérieurs. Il est construit à partir de structures de récupération issues d’une oeuvre du Voyage à Nantes. Ces lieux privilégiés (quasiment 400 m2 couverts), entre dedans et dehors, entre espaces intimes et vie collective facilitent à notre avis la transition entre l’espace de la rue, d’où viennent les résidents, et l’espace clos du logement. Ils permet des usages multiples, et généreux.

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Depuis sa création en 2014, le collectif d’architecture saga est impliqué dans un projet de développement social dans le quartier de Joe Slovo, à Port Elizabeth, en Afrique du Sud. Ce projet s’inscrit en accompagnement d’initiatives habitantes et a permis de construire collectivement deux bâtiments dans ce quartier défavorisé (halle communautaire (2015) et école maternelle (2017).

Par notre présence sur place, nous avons progressivement tissé des liens forts avec les membres de la communauté, et avons décidé en 2016 de mener une étude urbaine sur le quartier, en partenariat avec deux étudiants de l’École d’Urbanisme de Paris. Cette étude est basée sur un travail de terrain mêlant interviews d’habitants et d’acteurs de la fabrique urbaine et relevés cartographiques. Grâce à ce travail, nous avons pu mettre en lumière un certain nombre de problématiques liées au quartier, à son histoire singulière, à ses habitants et leur rapport à la ville, au territoire.

À la suite de cette première expérience, l’idée est venue de s’associer avec Basile Minster, réalisateur de films documentaires, afin d’engager un nouveau regard sur ces récits de vies, sur ces paroles récoltées. Nous sommes donc retournés à Joe Slovo pour un tournage de 5 semaines, en immersion et en contact permanent avec la communauté.

Habiter le mouvement est ainsi une rencontre entre un réalisateur, des architectes, un paysage et une communauté. Construit en une succession d’échanges avec des habitants, le film esquisse un portrait, inévitablement subjectif du quartier de Joe Slovo. Si le focus se pose bien sur Joe Slovo, ces paroles d’un ailleurs trouvent un écho universel : elles entrent en résonance avec des phénomènes qui nous touchent tous, ceux de la migration, de l’exode rural, des savoir-faire, du travail et de l’attente d’un avenir meilleur.

« Joe Slovo ce n’est pas chez moi, c’est juste ma maison. C’est juste l’endroit où je travaille, où j’essaie de vivre, survivre et gagner de l’argent »

Noxolo Mpongo, habitante de Joe Slovo

Joe Slovo est un quartier de la banlieue de Port Elizabeth, dernier né de la métropole de Nelson Mandela Bay. En partie informel, pauvre, petit frère des townships de l’apartheid, Joe Slovo est un espace à côté, en marge des grands centres économiques de la ville. Malgré cela, Joe Slovo est un espace vécu, habité, organisé, parcouru et sans cesse remodelé. Cet espace, nous l’avons parcouru et avons souhaité le montrer dans son quotidien, à travers les interrogations et initiatives de ses habitants. Le film se construit ainsi dans une succession d’interviews non dirigées, la caméra s’efface, on se laisse conter le lieu, ses histoires, en essayant d’oublier nos idées préconçues pour écouter les paroles, pour regarder autour de nous, observer, considérer. Prendre le temps d’écouter, c’est pour nous un moyen de (ré)affirmer la grande valeur de la parole habitante, parole parfois survolée, souvent ignorée et qui pourtant devrait toujours être au centre de la fabrique urbaine.

Si le film n’a pas vocation à consister en un manifeste, il porte un message fort, celui de ses protagonistes – comme Evelyne Benkane, l’une d’entre eux, nous le rappelle si bien :

« Les politiciens ont besoin de nous pour impulser de nouvelles politiques, qui touchent les plus pauvres des plus pauvres. De quelle manière les gens peuvent s’engager, comment peuvent-ils participer au développement de leur propre quartier en s’associant au gouvernement ? Pour qu’ils puissent partager leurs idées. Les membres d’une communauté ne sont pas toujours pauvres. Certes ils sont pauvres, mais ils sont les architectes de leurs propres vies. Parce que le matin lorsqu’ils se lèvent, ils savent très bien ce qu’ils ont à faire »

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Ce projet de mobilier de cuisine s’inscrit dans le cadre d’une extension sur jardin d’une maison de ville, au cœur de Chantenay. Située entre deux impasses, le cœur de jardin est dissimulé du monde extérieur. 

Le souhait de Madame G. était de voir son jardin rentrer dans sa cuisine. Ainsi, la façade complètement vitrée donne a voir la végétation et le cerisier japonais central. 

Composée de deux pièces, une partie compacte abritant les équipements électroménagers se loge dans la partie « technique » de l’extension, quand le plan de travail en béton blanc parsemé d’agrégats colorés, accueillant tiroirs, cuisson et évier, s’allonge face à la façade vitrée, puis le jardin. 

Les matériaux utilisés sont à l’image de ceux utilisés dans le reste de l’extension, sobre et doux. Le plan de travail et ses cinq piliers sont réalisés en béton blanc poncé, avec agrégats colorés et les façades des meubles sont en multiligne de hêtre, simplement huilées. Les boutons de portes et tiroirs ont été moulés dans plusieurs couches de ciment coloré.

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Cette maison des années 30 est située dans le Nord de la métropole strasbourgeoise. La maison est dans son jus, avec ses vieilles tapisseries, ses sol usagers, où chaque surface est un mille feuilles de couches accumulées au fil du temps.

L’étage est complètement à requalifier, il comptera à terme deux chambres (dont une qui peut se séparer en 2), une salle de bain et un débarras. L’attention est portée sur les sols, où le parquet est conservé, décapé et blanchi. Chaque mobilier est dessiné, avec dressing et rangements dans les chambres, ainsi que le mobilier de salle de bain, en treillis métal bleu, acier brut et contreplaqué de bouleau. 

Au rez-de-chaussée, la dépose d’une cloison porteuse dégage une grande cuisine pour laquelle un mobilier de contreplaqué de bouleau, métal thermolaqué bleu et treillis métallique est dessiné.  

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Dans le cadre de la rénovation d’un appartement, nous sommes invités à concevoir et construire l’ensemble du mobilier sur mesure. 

Assemblage de médium teinté dans la masse, contreplaqué Okoumé et acier brossé, le mobilier se décline pour accueillir tous les usages. Parfois assise, parfois rangement, parfois plan de travail, le Grand bleu unifie l’ espace tout en offrant une large capacité de rangement. 

Une verrière en verre armé vient scinder l’espace du salon en deux. Elle s’accompagne d’une tringle en acier brossé de 4m permettant de créer de l’intimité dans la chambre d’amis / bureau.

Tout le mobilier est réalisé à la main, dans nos ateliers puis installé sur place. Les luminaires, blocs prises et autres accessoires sont également réalisés par nos soins. 

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Ce projet fait partie des plus petits que nous ayons dessiné. Le point de départ est celui d’avoir un espace extérieur pour ranger le tracteur tondeuse, quelques outils de jardinage. Mais assez vite on sent que cet espace doit être plus que cela.

Les barons perchés, c’est alors un abri de jardin pour les outils et le tracteur, mais aussi un espace pour les petits-enfants à l’étage et une serre en bas, sous laquelle on peut se poser, au milieu des plantes.

La structure est réalisée à partir de profils métalliques en H et en C, sur lesquels viennent glisser de grands coulissants, permettant ainsi à la serre de s’ouvrir complètement, ou de s’abriter des vents dominants. 

Le mobilier de rangement est lui réalisé en caillebotis et treillis métalliques. Du polycarbonate ondulé est utilisé en toiture et en bardage pour les parties transparentes, quand les parties opaques sont bardées de tôle ondulée galvanisée brillante.

Le tout est une architecture mobile où la plupart des surfaces verticales sont coulissantes et où le toit est un grand ouvrant sur 1/3 de sa surface, permettant ainsi, perché à l’étage, d’apercevoir l’océan.

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Dans le cadre de l’extension d’une maison, sur la presqu’île de Crozon, nous sommes amenés à restructer la cuisine existante.

Le demande est sur deux axes, il faut à la fois modifier le plan de la cuisine afin de l’ouvrir sur le nouvel espace de vie, et donner une nouvelle vie aux meubles existants qu’il nous faut conserver. Les meubles seront en medium noir teinté dans la masse, composés par des lignes géométriques abstraites.

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Les façades des meubles existants sont ainsi changées et réhabillées de noir, quand le medium teinté est également utilisé pour assembler les nouveaux meubles (colonne à porte pliante-pivotante, retour du L) fabriqués dans nos atelier

Le plan de travail est quand à lui en douglas. Il provient directement de la dépose du bardage de la maison en rénovation, qui au bout de plusieurs années n’a su résister aux conditions du littoral. Bien que diminué et grisé par le sel et le soleil, il garde à coeur toute sa vigueur. Les lames de bardage sont alors dégauchies, délignées puis collées-aboutées, pour en faire un plan de travail en bois massif.

Tout le mobilier est réalisé à la main, dans nos ateliers puis installé sur place. 

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Dans cet appartement tout fraîchement refait, on nous demande de concevoir et fabriquer deux mobiliers.

Le premier est une banquette / coffre / étagère à BD en contreplaqué de peuplier. Placée sous une immense fenêtre de toit, la banquette permet de s’allonger, directement sous les étoiles.

Le second mobilier est une penderie, se trouvant dans l’entrée. Elle est composée de deux cadres métalliques et d’un grillage soudé vert mousse, venant enserrer des parois en contreplaqué d’okoumé. Enfin, vient se loger sous la penderie, un caisson sur roulettes, à la fois assise pour défaire ses chaussures et refuge du chat. La grande porte de la penderie, pivotante et coulissante, laisse les veines de l’okoumé se prolonger d’un pan à l’autre.

Tout le mobilier est réalisé à la main, dans nos ateliers puis installé sur place. Les accroches métalliques et éléments soudés sont réalisés par nos soins.

Depuis plusieurs années, par engagement personnel avant tout, nous agissons aux côtés d’un réseau d’associations venant en aide à des personnes à la rue, en situation d’exil sur Nantes. Cette ville, la nôtre, autopromue ville accueillante, est par ailleurs le théâtre de nombreux combats autour du mal logement et du sans-abrisme. Comment agir en tant qu’architectes dans ce combat ? N’étant pas compétents sur des problématiques telles que la santé, la demande de papiers ou le suivi juridique, nous commençons par nous rendre dans les divers lieux réquisitionnés, squattés pour tenter de cerner les contours de ce que pourrait être notre action dans ce contexte particulièrement mouvant. 

La question du temps ici est primordiale. Ces différents lieux que nous parcourons sont instables : en plus d’être souvent inadaptés à l’usage de logement, ils sont habités sur des temps courts, au fur et à mesure des expulsions. Pas question donc d’y construire des projets sur le temps long, mais plutôt de venir réparer, de manière incrémentale des lieux qui malgré leur inhospitalité accueillent ceux que notre ville ne sait pas où mettre. Au fil de ces réparations, nous faisons la rencontre de la maison des B., un lieu squatté depuis 2016 qui accueille entre 60 et 80 hommes de 8 nationalités différentes dans 8 appartements. Ancien immeuble privé, ce lieu a un statut particulier et paradoxal, la maison est ainsi en plein cœur d’un quartier en pleine gentrification, sur le parcours du Voyage à Nantes et pourtant le squat subsiste depuis plus de 5 ans. Au fil des expulsions d’autres lieux dans la ville, la Maison des B. est devenue un refuge pour ceux qui n’ont nulle part d’autre ou aller. 

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Notre action ici commence par un appel d’urgence : une partie du plancher s’écroule il faut le réparer au plus vite. Cette première intervention, évidemment nécessaire, nous permet de mettre un pied dans le lieu en toute légitimité. S’en suis une série de petites réparations du quotidien : ce bâtiment usé par le temps et sa surexploitation est abimé. Au fur et à mesure des semaines qui passent et de nos discussions avec habitants et collectifs impliqués, l’idée un peu folle naît de faire de ce lieu occupé une maison d’accueil pour tous, l’idée un peu saugrenue de réhabiliter un lieu qui ne nous appartient pas. Pour ce faire, la méthode est la même : regarder avant d’agir, discuter. Nous entamons le travail par une séries de relevés habités dans chaque logement, support à chaque fois de discussions avec les habitants concernés autour de ce qu’ils projettent pour ce lieu. Une maquette au 1:50^ème est réalisée afin de pouvoir échanger avec tous sur les modifications envisagées. Le projet s’esquisse ainsi, autour notamment de la problématique des salles de bains qui cristallisent les désordres et les tensions au sein de l’immeuble. Une colonne permettant l’évacuation et l’alimentation en eau est installée sur chacun des niveaux. En parallèle, un réseau solidaire se forme petit à petit autour de ce projet : le bois nécessaire sera fourni par la scierie de la ZAD de Notre de Dames des Landes toute proche, les différents équipements sanitaires par Emmaüs, et un financement participatif est lancé pour prendre en charge les différents postes de dépenses restants. 

Petit à petit, appartement par appartement, étage par étage, et dans le désordre parfois, les travaux s’engagent autour du déplacement des salles de bains et cuisines insalubres, le tout en site occupé, habité, vécu. Le déplacement des pièces d’eau est l’occasion de réorganiser les appartements avec leurs habitants. Le chantier est lieu de négociation, de la compréhension mutuelle autour d’un langage à inventer. L’architecture se fait avec ce qui est là, ce qu’on trouve et se dessine sur place, les outils à la main. On fait et on vit ensemble, le temps d’un jour par semaine, entre habitants, architectes, étudiants, retraités, militants. Au-delà de l’objet fini, ce qui nous intéresse dans ce projet est cette présence sur le temps long (de manière quasi hebdomadaire depuis 3 ans maintenant). Il s’agit plus de réparer ce grand corps malade que de créer, il s’agit ainsi de considérer ce bâtiment comme un vieil ami un peu fatigué et fragile auquel il faut porter de l’attention. Prendre soin de cette architecture, c’est pour nous s’accorder à la considérer comme un objet du quotidien, un objet vivant plus qu’un monument. 

Aujourd’hui en voie d’insalubrité, ce lieu bénéficie néanmoins de l’engagement de ses habitants et des militants qui œuvrent chaque jour pour améliorer les conditions de vie. Si la structure principale de l’immeuble ne révèle aucun signe de risque majeur, une réhabilitation du bâtiment est aujourd’hui nécessaire afin d’aménager des espaces correspondant au nombre d’habitants actuels et leurs usages.